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Leaders à suivre 2023
Chaque année, nous valorisons les innovateurs sociaux émergents qui répondent aux défis les plus urgents du monde actuel. Du militantisme social à la conception de solutions optimisées par l'IA, ces leaders font vibrer leur secteur et œuvrent en faveur d'un avenir meilleur pour tous.
Adenike Adeyemi
Un catalyseur pour la culture entrepreneuriale du Nigeria
Avec un esprit brillant, une véritable curiosité et une passion pour aider les autres, Adenike Adeyemi fait tout son possible pour aider les petites entreprises et les entreprises en développement en tant que directrice exécutive de la FATE Foundation. Un rôle sur mesure pour cette femme qui a su allier ses passions pour l'entreprise et l'impact social.
Lecture en cinq minutes
D'aussi loin qu'elle se souvienne, Adenike Adeyemi a toujours su créer le lien entre les personnes d'horizons différents. Pour elle, cette prédisposition trouve racine dans son enfance, entourée d'un père yoruba, et d'une mère sierra-léonaise et efik. "Cette culture multiethnique m'a sensibilisée au monde extérieur, au-delà de notre communauté locale.”
Lorsqu'elle a déménagé dans l'État d'Oyo (au sud-ouest du Nigeria) pour rejoindre un internat de jeunes filles, sa communauté s'est diversifiée. "Cette école était un véritable melting pot d'origines sociales, ethniques, économiques et religieuses." Avec ces premières expériences, l'idée qu'il existe toujours un terrain d'entente s'est enracinée. "Nous sommes tous humains et avons tous quelque chose qui nous rapproche."
Découverte du monde à but non lucratif
Adenike a aiguisé son intérêt pour les relations et la communauté à l'université, puis lors de son travail auprès d'organisations à but non lucratif dans le cadre du NYSC (Nigerian National Youth Service Corps). Le NYSC est un programme obligatoire instauré par le gouvernement nigérian qui vise à impliquer les jeunes diplômés dans le développement de la nation. Alors qu'elle est à la recherche d'un poste pour accomplir son service NYSC, l'oncle d'Adenike lui fait part d'une opportunité au sein d'une association à but non lucratif : le WANGONet (West African NGO Network).
"Identifier le rôle des technologies pour mettre les personnes en lien avec les ressources et démocratiser les connaissances a été décisif."
À cette époque, le travail de WANGONet consistait à créer des pages Web pour d'autres organisations à but non lucratif et à former celles-ci à l'utilisation des outils logiciels de base. Cela leur permettait de trouver des partenaires, des bénévoles et des financements. Mais ce travail, bien que passionnant, n'avait rien à voir avec celui de ses pairs. "Cette année-là, je ne touchais que très peu d'argent par rapport à ce que gagnaient mes amis. Mais j'aidais des personnes à accéder à des connaissances, des informations et des technologies. En plus, j'avais ma propre adresse e-mail, je me sentais vraiment importante.”
Au-delà du détail de l'adresse e-mail personnelle, WANGONet lui a permis de comprendre en quoi les technologies et l'information étaient intimement liées à l'autonomisation des personnes "Identifier le rôle des technologies pour mettre les personnes en lien avec les ressources et démocratiser les connaissances a été décisif. J'ai réalisé qu'en facilitant la tâche des organisations et en leur fournissant certains accès et des connaissances, nous pouvions leur donner la possibilité de se développer."
Se lancer, se développer et évoluer
Aujourd'hui, Adenike est directrice générale de la FATE Foundation, le premier programme accélérateur et incubateur d'entreprise du Nigeria qui vise à aider les nouveaux entrepreneurs à lancer, développer et faire évoluer leur entreprise. La fondation propose de nombreuses offres, des formations aux événements, en passant par l'information et le soutien financier. L'objectif ? Exploiter tout le potentiel de la culture entrepreneuriale nigériane. "Nous sommes convaincus que les petites entreprises et les entreprises en développement sont le moteur de la nation. Au Nigeria, elles génèrent près de 80 % des emplois et représentent environ 50 % du PIB en dépit d'un environnement macroéconomique épineux."
Dans un contexte commercial plus large, Adenike en est venue à la conclusion que la FATE devait aussi s'atteler à la législation. "Nous ne sommes pas en mesure d'accompagner nos entrepreneurs au-delà de l'environnement politique actuel. Notre rôle est donc aussi de déterminer comment apporter des informations exploitables aux décisionnaires." Dans cette optique, la FATE a créé les State of Entrepreneurship in Nigeria Reports qui regorgent de points de données percutants à l'intention des décisionnaires.
Face à une audience grandissante, Adenike se doit de préserver la composante humaine des interactions de la FATE avec les participants du programme en valorisant les offres numériques sophistiquées toujours plus nombreuses. Lorsqu'elle a vu le jour 20 ans plus tôt, la FATE exécutait des procédés manuels. Le fondateur en personne rencontrait les entrepreneurs individuels, et les mettait en lien avec les personnes ou les informations appropriées. Aujourd'hui, les programmes impliquent plus 245 000 entrepreneurs issus de 31 états. En raison de ce succès, les processus manuels ne sont plus viables. Cependant, la FATE accorde une grande importance aux connexions individuelles. C'est pourquoi Adenike et son équipe ont mis au point de nouveaux outils numériques pour la communauté. "Je veux pouvoir connaître le parcours d'un entrepreneur jusqu'à ce jour et comprendre son expérience. Mais surtout, je veux pouvoir identifier comment le mettre en lien avec les bonnes personnes et les bonnes ressources.”
Créer des liens
Alors qu'elle rêve de développer la FATE, de soutenir les entrepreneurs et d'influencer les politiques publiques, Adenike s'inscrit clairement comme une audacieuse visionnaire. Un obstacle ne saurait être trop important. "Dans la vie d'un entrepreneur, la moindre semaine peut changer la donne et offrir l'éclair de génie qui transformera l'entreprise."
Cela nourrit sa motivation. Elle a pourtant vite compris qu'elle ne pourrait pas y arriver seule. "Peu importe mes rêves, ma motivation, mes sources d'inspiration ou mon enthousiasme. Je n'irai pas bien loin sans équipe passionnée."
"Je suis intimement convaincue qu'il ne manque jamais qu'une personne pour obtenir l'information dont quelqu'un d'autre a besoin pour réussir."
En dépit de ses connaissances et de son expérience uniques, Adenike est assez sage pour savoir qu'elle n'aura jamais toutes les réponses ni les ressources nécessaires. Mais elle précise : "je connais sans doute une personne (ou une personne qui connaît une personne) en mesure de créer un lien". Elle s'inscrit ainsi comme un véritable catalyseur, capable de créer un impact, des résultats et des relations. "Je suis intimement convaincue qu'il ne manque jamais qu'une personne pour obtenir l'information dont quelqu'un d'autre a besoin pour réussir."
Photographie de Taiwo Aina
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Angela Siefer
Ouvrir la voie à l'égalité numérique, communauté après communauté
Angela Siefer a une envie irrépressible de rendre le monde meilleur, et c'est ce qu'elle a toujours fait. Véritable moteur du changement, elle travaille aujourd'hui comme responsable de la National Digital Inclusion Alliance, une organisation en faveur de l'égalité numérique. Elle collabore avec plus d'un millier d'affiliés pour identifier les priorités des communautés et orienter les décisions politiques à l'échelle du pays.
Temps de lecture : cinq minutes
Avec le recul, Angela Siefer a toujours voulu rendre le monde meilleur. Elle ne savait juste pas comment réussir. Originaire de la classe moyenne de Lima (Ohio), elle est la première de sa famille à fréquenter l'université. Sans trop savoir vers quelle branche se tourner, elle choisit d'étudier la sociologie à l'université de Toledo : "tant de gens semblent avoir un avenir tout tracé. Ce n'était pas mon cas". Même si elle ne savait pas encore quel chemin emprunter, ses profondes valeurs communautaires et sa persévérance lui ont ouvert la voie.
Sa détermination a fini par la conduire vers le problème grandissant de l'inégalité numérique. À l'école supérieure, elle collabore avec un professeur afin de trouver comment l'université pourrait mieux accompagner les communautés locales. Au fil des enquêtes et du temps passé parmi la communauté, il est devenu évident que l'accès aux technologies et leur maîtrise étaient des obstacles majeurs. "Je suis intimement convaincue que c'est parce que j'ai été à l'écoute de la communauté que je me suis orientée dans cette voie."
Trouver ses marques
Peu après son diplôme, elle décide de mettre ses connaissances à profit pour diriger l'OCCN (Ohio Community Computing Network). Créée à une époque où l'environnement numérique évoluait, cette organisation apportait des solutions aux personnes toujours plus nombreuses qui ne pouvaient avancer seules. Ce que nous appelons aujourd'hui "inclusion numérique" se nommait alors "communauté technologique".
"L'assistance juridique a dû convaincre la commission du service public de l'Ohio que l'accès aux technologies et leur utilisation par les communautés méritaient un réel soutien financier. L'OCCN a alors vu le jour." La question du financement de ces solutions urgentes restait en suspens. Aujourd'hui encore, elle déploie de l'énergie à relever ce défi. Dès son arrivée à l'OCCN, Angela Siefer a joué un rôle décisif pour récolter des milliards de dollars afin de faire progresser l'équité numérique.
"L'inégalité numérique est, par nature, un problème humain que l'homme doit résoudre."
Pourtant, son expertise ne lui semblait pas aussi marquée à l'époque. Elle se rappelle l'angoisse de ses premiers échanges avec les décideurs politiques de Washington D.C. concernant les problèmes d'égalité numérique. "Je n'avais jamais exercé de telles fonctions. Même a posteriori, j'ai ressenti une pression écrasante sur mes épaules. Je n'avais aucune envie de me tromper."
Aujourd'hui, elle se sent plus solide. "Je ne me suis jamais sentie aussi confiante. Je peux dire, "voilà ce que ces programmes d'égalité numérique locaux ont à offrir et voilà ce dont ils ont besoin. Si j'insiste suffisamment, certaines personnes captent le message".
Une approche globale de l'équité numérique
Aujourd'hui, Angela Siefer dirige la NDIA (National Digital Inclusion Alliance), une organisation à but non lucratif qu'elle a fondée en 2015. Avec ses pairs, elle a déterminé qu'il fallait ouvrir un espace qui réponde à l'impulsion grandissante de l'égalité numérique pour développer les bonnes pratiques et la communauté. "Même si cela semblait irréalisable, nous étions confrontés à la réalité du terrain où les ressources sont insuffisantes." La NDIA apporte donc une réponse globale à l'inclusion numérique : elle garantit la disponibilité et l'accessibilité financière d'Internet, l'accès aux appareils, ainsi que les compétences numériques et l'assistance technologique.
Ces huit dernières années, et en particulier depuis la pandémie de COVID-19, la NDIA s'est développée et compte désormais plus d'un millier d'affiliés. Le travail accompli est impressionnant. Ainsi, la NDIA a récemment fait intégrer une définition normalisée de l'inclusion numérique et de l'égalité numérique dans la loi du Congrès américain, tout en élargissant ses programmes de sensibilisation. "L'une de nos plus belles réussites ? Les 2,75 milliards de dollars octroyés pour la loi Digital Equity Act de 2021."
La détermination d'Angela Siefer se répercute à tous les niveaux de la NDIA, qui s'efforce d'identifier les laissés-pour-compte du monde numérique. Les barrières générales à l'acquisition des connaissances et des outils numériques sont identiques. Pourtant, Angela Siefer précise : "chaque détail compte et affecte non seulement notre vision d'un problème spécifique, mais aussi la façon dont nous identifions les meilleures solutions". Récemment, la NDIA a étendu son soutien aux communautés rurales et tribales. Cibler ces situations spécifiques permet aussi à la NDIA de définir des tendances plus larges.
Une durabilité à long terme
Vus de haut, les objectifs d'Angela Siefer s'articulent autour de solutions d'envergure nationale à long terme. Le défi suivant concerne la durabilité de l'égalité numérique. "Nous avons sans cesse besoin de subventionner le haut débit des ménages, de proposer des formations aux compétences numériques, de publier des ouvrages sur la navigation numérique. L'assistance technologique est permanente. Mais que se passe-t-il en l'absence de ressources ?"
L'égalité numérique a un impact global et affecte "notre économie, nos systèmes sociaux et l'ensemble du pays". À ce sujet, Angela Siefer souligne : "l'inégalité numérique est, par nature, un problème humain que l'homme doit résoudre". Patiente, déterminée et ouverte, l'humanité dispose des informations et des ressources nécessaires pour aider ceux dans le besoin.
Qu'il s'agisse de ses proches qui l'aiment et la soutiennent, ou de la communauté NDIA en développement, Angela Siefer se sent profondément reconnaissante. "Les membres de la communauté NDIA prennent de leur temps pour partager leur expérience avec de parfaits inconnus. Cela m'a toujours stupéfiée.” Depuis qu'Angela Siefer a fondé la NDIA et lancé sa communauté, l'impulsion de l'égalité numérique ne cesse de prendre de l'ampleur. Sa puissance réside dans les personnes, ces "héros" qui font progresser, ensemble, l'égalité numérique aux quatre coins du pays. "Je puise ma force dans ceux qui m'entourent. J'agis pour eux, et non pour moi."
Photographie d'Leonardo Carrizo avec une image supplémentaire de Mike Sanchez
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Anthony Babkine
Personne ne réussit tout seul
Avec son charisme et sa grande énergie, Anthony Babkine est la personne idéale pour faire du rêve de l'égalité des chances dans la tech une réalité. En tant que cofondateur et délégué général de Diversidays, il oeuvre en faveur de l’égalité des chances dans la Tech en France. Pour ce leader, encourager les jeunes talents et défier les stéréotypes ne vont pas l'un sans l'autre.
Lecture en cinq minutes
Anthony Babkine a très vite amorcé un tournant dans sa carrière. Après quelques années au sommet de la réussite, il regarde de plus près le conseil d’administration de l’entreprise dans laquelle il travaille et ne reconnaît pas le monde qui l'entoure.
Anthony Babkine a grandi à Évry-Courcouronnes. Située à 25 km au sud de Paris, cette ville de banlieue est l'une des plus jeunes de France et accueille une multitude de cultures différentes. "À 15 ans, c'était comme si j'avais fait plusieurs fois le tour du monde." Même s'il n'en était pas encore conscient, la diversité d'Évry deviendra l'un de ses meilleurs atouts. "Même s'il m'aura fallu du temps, je comprends maintenant que cet environnement multiculturel et multiethnique m'a profondément enrichi."
À l'école, il se rappelle avoir ressenti un profond syndrome de l'imposteur alors qu'il luttait pour dompter son esprit vif et s'épanouir en classe. Il n'hésite pas à désigner ceux qui l'ont accompagné sur cette voie. "Ma mère a pris des congés, une association locale m'a permis de suivre des cours particuliers et mes professeurs ont fait des heures supplémentaires pour me guider. Je n'aurais jamais pu y arriver tout seul."
Se réorienter
Une fois qu'il a commencé sa carrière dans l'une des plus grandes agences de communication en France, ses compétences digitales ont été déterminantes dans son expérience. "À l'époque, les réseaux sociaux commençaient à se développer de manière exponentielle et les entreprises françaises avaient besoin de stratégies pour représenter au mieux leurs marques sur ces nouvelles Plateformes." La vision, le talent et les efforts acharnés d'Anthony Babkine l'ont rapidement propulsé au sommet : "J'ai pris un poste au comité exécutif et j’ai été sélectionné dans le programme des jeunes talents, mais j'ai réalisé que l'entreprise manquait de diversité".
"Tout a commencé quand j'ai compris que ma plus grande force vient de l'endroit où j'ai grandi et des mes différences."
Devant ce manque de diversité et de politiques d'inclusion sociale, et faute d'une bonne culture d'entreprise, Anthony a commencé à réfléchir à la suite de sa carrière. "Oui, je touchais un bon salaire, j'avais connu une belle évolution de carrière et ça m'avait pris beaucoup de temps pour y arriver, mais je devais partir." La situation lui a fait prendre conscience de ses valeurs et il voulait agir en conséquence. "Dans ce genre de situation, on a le choix entre s'énerver ou agir. Je ne savais pas par où commencer ni comment procéder, mais je savais que je devais agir."
Ce changement de cap a transformé sa vie. "Tout a commencé quand j'ai compris que ma plus grande force vient de l'endroit où j'ai grandi et des mes différences."
Il lance l’association Diversidays
En 2017, en compagnie de son amie et collaboratrice de longue date Mounira Hamdi, Anthony Babkine cofonde Diversidays, "une association qui aide les personnes d'horizons différents à participer pleinement au développement de leurs compétences digitales ou entreprises dans le domaine de la Tech." L'association fournit de l’accompagnement, des informations, des conseils et des opportunités aux particuliers et aux entreprises par le biais de trois programmes phares.
Là où le Leadership program aide les entrepreneurs à créer de nouvelles startups à se lancer, l'initiative DéClics Numériques propose des formations professionnelles à ceux qui souhaitent se reconvertir vers les métiers du numérique. Enfin, Tech Your Place s'adresse aux entreprises de la tech ayant besoin de conseils pour faire évoluer leur politique en matière de diversité et d'inclusion. "Depuis les débuts de Diversidays, nous avons aidé plus de 9 000 personnes à travers ces programmes à relever des défis spécifiques, mais aussi à avoir plus confiance en elles et à croire en leur potentiel."
Il est clair que leurs efforts ont porté leurs fruits. Anthony Babkine évoque avec fierté leur dernière initiative qui vise à encourager les entreprises à valoriser la diversité et l'inclusion dès le départ. "Notre plus belle victoire ? Avoir incité douze des plus importantes sociétés de capital-risque à intégrer une clause 'Inclusion et diversité - égalité des chances' dans leurs programmes d'investissement." Ainsi, l'une des conditions d'octroi de ces financements cible les pratiques de l'entreprise concernant la diversité.
Un idéaliste pragmatique
Le réalisme et le sens pratique sont deux facettes du travail, mais aussi de la personnalité d'Anthony Babkine. "Si vous souhaitez faire évoluer un secteur, en particulier celui des technologies, vous devez vous montrer ambitieux, voire extravagant, mais aussi pragmatique." Pour lui, tout est une question de plaidoyer autour des enjeux sociaux: "selon une étude que nous avons menée l'an dernier, 39 % des nouveaux collaborateurs des entreprises de la tech ont fait l'objet de discrimination lors de leur intégration". Ce type d'études encourage le changement en dressant un tableau précis de la situation.
"Pour moi, il est très important de pouvoir mesurer nos actions et ce que les entreprises mettent en place, si on veut éviter le social washing. Car il est facile de dire 'nous voulons être plus inclusifs'. Mais il est plus difficile de définir ce que cela signifie et comment mesurer un tel engagement."
Heureusement, Anthony Babkine est un bourreau de travail. Il reconnaît toutefois : "en France, ces inégalités existent depuis des décennies et sont profondément enracinées. Même si nos convictions sont inébranlables et que nous constatons un réel changement mû par un profond et qu’il y a un désir d’autres associations de faire avancer les choses, nous sommes parfois frustrés". Alors, d'où vient une telle motivation ?
Là encore, Anthony Babkine souligne les efforts et la réussite de ceux qui l'entourent. D'une part, il cite tous les messages qu'il a reçus des participants aux programmes. "Entendre quelqu'un dire que nous lui avons donné les outils ou la confiance nécessaires pour réaliser quelque chose me donne l'impression que nous faisons notre part." D'autre part, il met en avant les efforts des quelques 200 bénévoles de Diversidays. "L'atout le plus précieux des associations à but non lucratif ? L'ensemble des bénévoles et des personnes qui souhaitent apporter leur aide. Tous sont convaincus qu'un autre modèle est possible."
Il conclut en répétant sa devise : "Personne ne réussit tout seul."
Photographies de Yamandu Roos
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Bourhan Yassin
Exploiter toute la puissance des sons et de l'IA pour préserver la biodiversité
La planète ne résonnera probablement plus jamais comme aujourd'hui. CEO de Rainforest Connection, Bourhan Yassin est conscient de la valeur et de la puissance de la surveillance acoustique pour lutter contre le changement climatique et la perte de la biodiversité. Ses ambitions étaient déjà grandes avant qu'il s'engage à préserver les forêts de la planète.
Temps de lecture : cinq minutes
Loin des forêts tropicales dans lesquelles il travaille aujourd'hui, Bourhan Yassin a grandi au Liban au cours de la guerre civile qui a duré de 1975 à 1990. Enfant, il construit son sens de la normalité entre deux abris antiaériens sans pour autant cesser de rêver à son avenir. Passionné de technologie, il décide de quitter le Liban au tournant du siècle pour aller étudier aux États-Unis.
Dans la baie de San Francisco, il vit entouré d'entreprises technologiques florissantes et goûte à la diversité et aux opportunités qu'offre leur culture. "Les start-up et les petites entreprises me correspondaient bien. Cet environnement me permettait de changer la donne tout en ayant plusieurs casquettes."
"Le moment était venu pour moi d'accomplir une mission avec une noble cause dont je pourrais être fier.”
Employé par plusieurs entreprises technologiques, il gravit progressivement les échelons avant de déménager à Dubaï en 2014 où il cofonde sa propre société. "Il s'agissait d'une entreprise de mode. Je suis sûr que vous ne l'auriez jamais imaginé, d'autant que je ne suis pas vraiment branché. Mais l'entreprise a réussi." Bourhan Yassin précise : "Je me suis très vite lassé de ne penser qu'au chiffre d'affaires et au profit”. "Le moment était venu pour moi d'accomplir une mission avec une noble cause dont je pourrais être fier.”
Constituer un réseau
En dépit de ses envies d'œuvrer pour une vraie cause, Bourhan Yassin n'avait pas spontanément pensé au monde des organisations à but non lucratif. "J'avais toujours considéré les organisations à but non lucratif comme des organisations plus politiques qui axaient essentiellement leurs stratégies sur le changement social." Son opinion a changé quand il a découvert Rainforest Connection, une organisation à but non lucratif basée sur la technologie. Elle utilise ses propres systèmes de surveillance acoustique pour stopper en temps réel les activités illégales dans les forêts protégées, mais aussi soutenir les efforts de conservation actuels et futurs.
À l'époque, il s'agissait d'une toute petite équipe qui avait besoin d'un ingénieur et d'un collaborateur avec de l'expérience dans la gestion et l'exploitation. En dépit de cette adéquation en apparence parfaite, il lui a fallu un certain temps pour repenser sa vision des organisations à but non lucratif. "Il m'a fallu un moment pour comprendre que ce nouveau chemin menait vers un tout autre sommet. Ce périple était bien plus passionnant et bien plus cohérent que ma dernière tentative d'ascension."
Bourhan Yassin commence par faire le lien entre son passé et l'avenir de l'entreprise. "Auparavant, je créais de la valeur pour les investisseurs. Aujourd'hui, je place cette approche au profit de notre mission et des solutions permettant de résoudre ces problèmes majeurs." En alliant son expérience des start-up aux efforts ciblés d'une organisation à but non lucratif, Bourhan Yassin a permis à Rainforest Connection de développer son équipe et les partenariats, mais surtout son impact.
Les sons proviennent de toutes les directions et offrent un excellent moyen de comprendre un environnement.
À la découverte de Guardian
Rainforest Connection joue un rôle décisif dans la lutte contre le changement climatique en utilisant l'IA pour amplifier l'un des sens de l'espèce humaine. "Les sons offrent un excellent moyen de comprendre un environnement. Même si notre champ de vision est incroyable, nos yeux ne peuvent regarder que dans une seule direction. Pour identifier ce qui se trouve à une certaine distance, l'ouïe est le meilleur sens dont nous disposons."
L'appareil Guardian constitue les oreilles de Rainforest Connection dans la forêt. "Ce mini-ordinateur est installé en haut de la canopée pour capter les sons de la forêt en continu." Il précise que cette surveillance 24h/24 est la solution idéale pour détecter en temps réel l'exploitation forestière illégale et le braconnage. "À certains endroits, comme en Indonésie ou au Brésil, la déforestation représente 70 à 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Pouvoir identifier, localiser et alerter les autorités dès qu'une activité illégale se produit permet d'endiguer le problème avant même qu'il ne cause de dégâts."
Utiliser l'IA pour un réel impact
La détection n'est qu'une partie de l'équation. "Peu importe le nombre d'anomalies. Si nous ne préservons pas la santé et la biodiversité des forêts, tout finira par s'écrouler.” Chez Rainforest Connection, Bourhan Yassin et son équipe utilisent des modèles d'IA pour déployer leurs efforts de conservation et préserver la biodiversité. "L'IA joue un rôle déterminant pour synthétiser de très gros volumes de données. Elle permet de réaliser un processus en seulement quelques minutes, et non en plusieurs mois."
Grâce à l'écoute continue des appareils Guardian, Rainforest Connection a compilé un registre de paysages sonores de la forêt. "Nous conservons environ 100 millions d'enregistrements, soit l'équivalent de près de 190 ans de flux audio continu. Il s'agit de loin de la plus grande collection de paysages sonores du monde, voire de l'histoire. Qui plus est, nous ajoutons entre 1 et 2 millions d'enregistrements plusieurs fois par semaine."
Leurs ensembles de données sont ouverts et accessibles à tous. Comme Bourhan Yassin le précise, "la science progresse grâce aux énormes quantités de données". L'objectif ? Combler le fossé qui sépare la collecte de l'analyse des données qui ralentit souvent les efforts de conservation. "Libérés de la collecte des données, les scientifiques et les chercheurs peuvent alors se consacrer pleinement aux conclusions." Simplifier le processus de collecte a permis d'aider, par exemple, les administrations et les organisations à but non lucratif de Puerto Rico qui utilisent la plate-forme. Elles peuvent actualiser le statut de conservation des espèces, affiner les plans de gestion, et définir de nouveaux domaines de protection et d'achat.
Écoutez par vous-même
Fidèle à ses ambitions, Bourhan Yassin nourrit des projets audacieux pour l'avenir de Rainforest Connection. "Toutes ces données nous permettent au bout du compte d'analyser l'état de la biodiversité aux quatre coins du monde. À partir de ce tableau, nous pouvons instaurer des solutions pour proposer de nouvelles actions."
Après tout, les forêts sont une ressource naturelle très précieuse. "Elles sont une étonnante invention de la nature. Aucune technologie humaine ne peut égaler les capacités d'absorption du carbone de nos arbres, de nos sols et de nos forêts."
Écoutez par vous-même : leur puissance se rappellera à vous. "Le concert de la forêt tropicale est spectaculaire. Écouter toutes ces espèces interagir est une véritable source d'inspiration. Nous devons tout faire pour les préserver."
Photographie d'Andrew Loehman avec une image supplémentaire de Rainforest Connection
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Carmen Correa
Sur la voie de l'égalité des genres
Toute sa vie, Carmen Correa a toujours été convaincue que les femmes avaient le pouvoir d'apporter leur contribution. Aujourd'hui, Carmen Correa est PDG de Pro Mujer, une entreprise sociale qui œuvre en faveur de l'égalité des genres en Amérique latine. Même si le travail est loin d'être terminé, Carmen Correa est animée par sa vision et sa passion. Elle rivalise d'efforts pour "atteindre chaque femme", selon ses propres termes.
Temps de lecture : cinq minutes
Carmen Correa a toujours été entourée de femmes fortes : "autant de femmes qui repoussaient les limites, luttaient contre les stéréotypes et veillaient sur les autres, en particulier dans ma famille". Avec le recul, elle estime qu'elle doit son esprit d'entrepreneuse et son empathie à son éducation.
Carmen Correa a grandi dans la campagne uruguayenne, dans le département de Colonia, avant de déménager à Montevideo pour rejoindre les bancs de l'école à tout juste six ans. Cela ne l'empêche pas de sillonner souvent le pays en compagnie de son père, ingénieur agronome. "Cela m'a permis de connaître des personnes issues de différents horizons, de découvrir leurs modes de vie et leurs réalités."
Naturellement douée pour motiver et rassurer les autres, Carmen Correa est d'un optimisme contagieux. Face à un défi de taille, elle affirme : "vous devez vous montrer proactive dans ce combat difficile. Mais vous devez aussi faire preuve de beaucoup d'optimisme. Je suis convaincue que nous pouvons changer la donne pour bâtir un monde meilleur. Nous y arriverons."
Une approche entrepreneuriale
L'optimisme de Carmen Correa est en phase avec ses objectifs ambitieux. Au-delà de cette qualité, elle a toujours travaillé sans relâche pour améliorer les résultats avec une vision entrepreneuriale. Mais surtout, elle a avancé main dans la main avec d'autres femmes. "J'ai eu beaucoup de chance. Dans presque chaque entreprise où j'ai travaillé, ma cheffe était une femme forte."
Tout au long de sa carrière, Carmen Correa s'est construite seule. Elle a occupé des postes de leader dans des entreprises sociales comme la fondation Avina et Endeavor Uruguay, pour n'en citer que deux. Pourtant, lorsqu'elle y repense, elle ne revient pas sur l'échelon de ces fonctions, mais sur une période qui a marqué les premiers jours d'une vision qui l'animera par la suite.
"Les femmes peuvent transformer la réalité, pour elles, comme pour leur communauté."
"Participer à une initiative dès le départ n'est certes pas une mince affaire, mais cela vous apprend à étudier les différentes solutions pour atteindre vos objectifs." Cet atout, elle l'utilise au quotidien auprès des femmes d'Amérique latine. "Aujourd'hui, les réalités des femmes sont radicalement différentes, tout comme leurs besoins. Nous devons prendre en compte davantage d'intersectionnalités pour développer les outils et les services qui apportent un réel soutien à ces groupes."
Pour les femmes
En 2017, Carmen Correa a rejoint Pro Mujer, une organisation qui œuvre en faveur de l'égalité des genres en Amérique latine. Après avoir occupé plusieurs postes de responsable ces cinq dernières années, elle a récemment été nommée PDG. Une étape toute naturelle pour une femme à la vision aussi audacieuse. "Nous veillons à l'inclusion financière des femmes marginalisées, et leur offrons des opportunités de qualification et des services médicaux afin qu'elles puissent s'épanouir pleinement et devenir actrices du changement.”
En offrant aux femmes les ressources et les informations nécessaires, Carmen Correa a constaté à quel point elles étaient fortes pour créer des opportunités qui répondent à leurs besoins et ceux de la communauté. Cet effet de ricochet est ce qui anime et inspire Pro Mujer. "Transformer la vie d'une femme, c'est faire évoluer sa famille et les réalités de sa région. Ces changements se répercutent sur plusieurs générations."
Mais Carmen Correa ne se limite pas à ce seul objectif ambitieux. En sa qualité de visionnaire, elle précise : "nous voulons que tout le monde en profite". Pour réussir, Carmen Correa et son équipe ont les yeux rivés sur le développement continu. "Je m'efforce de continuer à avancer et à évoluer."
Un long chemin jusqu'à l'égalité
Carmen Correa est extrêmement fière de son travail et du chemin parcouru par l'équipe. Pourtant, elle sait que l'aventure n'est pas encore finie. "Même si nous œuvrons sans relâche pour l'égalité, le travail est loin d'être terminé." Au lieu de se sentir découragée, Carmen Correa perçoit des opportunités là où d'autres ne voient que des difficultés.
Son énergie, elle la puise dans les femmes que Pro Mujer accompagne. "Elles sont les actrices de leur propre réussite. Ce sont de vraies combattantes. Chaque jour, elles luttent pour le changement." Et elle est aux premières loges de ces bouleversements.
"Peu importe ce que vous faites, soyez à l'écoute des besoins des autres."
Elle se rappelle avoir rendu visite à une femme qui possédait une entreprise de poterie au Nicaragua. Carmen Correa l'avait écoutée parler des chaises qu'elle avait récemment achetées avec le soutien de Pro Mujer : "elle m'a expliqué que le prêt lui avait permis de développer son entreprise. Cette microentreprise était le gagne-pain qui faisait vivre sa famille. Acheter ces chaises avait amélioré son mode de vie".
Passer du temps à écouter ces femmes vous raconter leur histoire vous rappelle qu'un petit battement d'ailes peut provoquer une tempête. Une leçon qu'elle a toujours à l'esprit et qu'elle transmet : "peu importe ce que vous faites, soyez à l'écoute des besoins des autres".
Photographie de Gabriella Rouiller
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John Callery
Utiliser la technologie pour améliorer la santé mentale des communautés
Le fait d'associer technologie et santé mentale peut paraître étrange, mais John Callery voit dans l'intelligence artificielle l'opportunité d'encourager les êtres humains à s'entraider en période de crise. En tant que directeur des produits et de la technologie chez ReflexAI, il contribue à ce qu'un plus grand nombre de personnes profitent de technologies qui sauvent des vies.
Lecture en cinq minutes
John Callery s'est toujours passionné pour la technologie. "Je me suis très tôt intéressé à la technologie et aux ordinateurs." Il se rappelle avec gratitude ses études secondaires. "J'ai eu le privilège d'intégrer un pensionnat à Santa Barbara. Cet environnement unique m'a permis de tenter différentes expériences à petite échelle." Qu'il s'agisse de réparer un ordinateur pour un camarade ou de concevoir des serveurs destinés à héberger les projets d'autres élèves, il a adoré vivre à l'aube d'une nouvelle ère technologique.
Exprimer sa passion dans une petite entreprise s'est imposé comme une suite logique. En dernière année, John Callery a intégré une entreprise d'hébergement Web pour l'e-commerce. "Je gérais un portefeuille de 500 clients dans le monde. Je ne gagnais pas des millions, mais cela me permettait de couvrir la plupart de mes dépenses.” Même si cela ne lui a pas paru évident à l'époque, il y a gagné en expérience.
Une vocation est née : impulser le changement social
Une fois diplômé de l'université de San Diego, il a rejoint les rangs de l'établissement en tant que développeur Web. Cet endroit a une signification particulière à ses yeux, puisqu'il y a rencontré son fiancé à la cafétéria. Josh travaillait également à l'université et comme bénévole pour The Trevor Project, un organisme à but non lucratif axé sur le soutien en cas de crise et la prévention du suicide chez les jeunes de la communauté LGBTQ+. "Josh apportait son aide sur le service de chat et de messagerie. Son travail a éveillé toute mon attention.”
"J'ai la chance d'avoir un véritable réseau de soutien qui m'a permis d'arriver là où je suis aujourd'hui. J'ai toujours su que j'avais quelqu'un vers qui me tourner en cas de besoin." Mais John Callery sait pertinemment que tous n'ont pas cette expérience et que nombreux sont ceux qui ne savent comment réagir lorsqu'une personne leur demande de l'aide.
The Trevor Project est rapidement devenu une véritable passion. Depuis ses débuts en tant que bénévole, il a évolué jusqu'à occuper à temps plein le poste de vice-président senior. "Cette occasion unique m'a permis d'appliquer tout ce que j'avais appris dans le secteur privé aux œuvres à but non lucratif."
"Nous avons livré aux anciens combattants certains des principes de formation que nous dispensions aux psychologues des cellules de crise afin qu'ils puissent mieux s'entraider".
C'est précisément cette vision qui l'a amené au cœur des initiatives Google comme les programmes Google.org Fellowship et AI Impact Challenge, ainsi que son étroite collaboration avec Sam Dorison, futur cofondateur de ReflexAI. "Ensemble, nous avons supervisé les étapes visant à conceptualiser et à développer un modèle de traitement par IA qui permette de privilégier la prise en charge des jeunes les plus susceptibles de faire une grave crise de santé mentale par les psychologues, et ce le plus rapidement possible.” Mais une avancée encore plus importante s'est produite plus tard, lorsque nous avons montré que les derniers grands modèles de langage pouvaient aider à résoudre un problème encore plus important. Plutôt que de se contenter d'optimiser les priorités, John Callery et son équipe se sont concentrés sur le fait de former les psychologues et d'en recruter de nouveaux.
Pour pouvoir embaucher le nombre de psychologues nécessaires, ils auraient dû recruter des centaines de coordinateurs chargés de planifier et de dispenser les formations pour chaque nouveau bénévole, ce qui était loin d'être pratique. "Nous avons alors envisagé d'utiliser les grands modèles de langage pour simuler une conversation de formation avec une jeune personne en crise et intégrer ainsi plus rapidement un plus grand nombre de psychologues." Aujourd'hui, les personas qu'ils ont créés ont formé des milliers de personnes.
Utiliser la technologie pour aider les vétérans
Il était désormais évident que l'impact de cette approche était considérable, et John Callery et Sam Dorison y ont vu une opportunité pour aller plus loin. "Nous étions en train de chercher des moyens d'utiliser cette technologie à d'autres fins quand nous avons alors entendu parler du programme Mission Daybreak du département des vétérans et nous leur avons donc soumis notre idée d'adapter ce type de formation à la Veteran Crisis Line."
La communauté des vétérans a grand besoin d'outils et de formations dans le domaine de la prévention du suicide. Le département des anciens vétérans a enregistré 6 146 suicides en 2020. Même si ces chiffres diminuent lentement d'année en année, le taux de suicide des vétérans est toujours supérieur de 57,3 % à celui des adultes nord-américains et non vétérans.
"Pour les besoins du programme Mission Daybreak, nous avons interrogé des dizaines de vétérans, et il est très vite apparu qu'en période de crise, ils s'appuient les uns sur les autres." C'est de la combinaison de ces nouvelles informations et de notre expérience passée qu'est né ReflexAI. John Callery explique : "nous avons livré aux vétérans certains des principes de formation que nous dispensions aux psychologues des cellules de crise afin qu'ils puissent mieux s'entraider"
ReflexAI œuvre à étendre la portée de ces outils à d'autres organisations. "Les grands modèles de langage ont fait couler beaucoup d'encre. Mais cette révolution pourrait avoir un impact bien plus important dans des domaines critiques comme les soins de santé, l'intervention de crise et les services d'urgence. C'est ce qui nous a motivés à créer Reflex."
Soutenir d'autres communautés dans le besoin
Cette approche communautaire de la santé mentale est au cœur de l'action de John Callery qui espère en faire profiter d'autres communautés à l'avenir. Dans l'ensemble, John Callery constate une amélioration. "De nos jours, les questions de santé mentale nous concernent tous. En tant que société, nous avons récemment ouvert des débats positifs à ce sujet. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre la stigmatisation."
Mais là où il constate une réussite, John Callery perçoit également un besoin. "Les interactions à distance ne cessent d'augmenter, et la ligne d'assistance téléphonique 988 pour la santé mentale illustre parfaitement cette évolution qui vient bouleverser les attentes en termes de croissance.” Un rapport de la SAMHSA (Substance Abuse and Mental Health Services Administration) révèle qu'en décembre 2022, le service a enregistré une augmentation de 48 % du nombre d'appels traités, de 263 % du nombre de chats traités et, chiffre alarmant, de 1 445 % du nombre de messages traités comparé à décembre 2021. Ces personnes lancent un appel à l'aide auquel ReflexAI est prêt à répondre.
Photographies d'Alex Palumbo
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Kristian Rönn
Œuvrer pour l'avenir de la planète
La mission de Kristian Rönn ? Permettre aux entreprises de mesurer, de gérer et de réduire leurs émissions de carbone. Avec un esprit vif et philosophique, il recadre notre façon de penser les pratiques commerciales responsables à notre époque. Cofondateur et PDG de Normative, il conçoit également des outils pour responsabiliser les entreprises de toutes tailles et leur permettre d'agir.
Lecture en cinq minutes
Pour présenter son entreprise, Kristian Rönn précise que le nom de Normative vise à incarner la nouvelle norme qu'ils sont en train de créer en matière de bilan carbone. C'est une belle histoire, et elle est vraie. Mais si vous creusez un peu plus, Kristian Rönn vous expliquera que ce nom vient également d'un courant philosophique qui concerne la façon dont chacun devrait se comporter au sens moral : l'éthique normative.
"J'ai toujours mis un point d'honneur à vivre selon mes principes." Kristian Rönn se rappelle avoir visité, non sans plaisir, une ferme pédagogique dans la campagne suédoise quand il était enfant. "J'ai alors réalisé que la viande que je consommais provenait de ces animaux et que cette pratique leur portait préjudice." Ses recherches approfondies sur Internet lui ont permis d'élaborer sa philosophie de vie : "Mon objectif premier ? Valoriser le bien-être de tout être sensible."
Internet et la philosophie lui ont ouvert les yeux sur une nouvelle approche du monde. Sa curiosité est sans limites, des mathématiques à la physique, en passant par la politique et l'éthique. "Cela m'a ouvert les yeux de réaliser que les actions que nous menons aujourd'hui affecteront le bien-être de milliards d'individus à l'avenir."
De la réflexion à l'action
Résolu à exercer une influence positive sur les générations futures, Kristian Rönn a rejoint les bancs de l'université pour étudier les sciences politiques. Il a très vite compris que cette branche n'était pas pour lui. "J'ai assisté au premier cours de chaque matière sans être pleinement satisfait." Kristian Rönn a fini par choisir les mathématiques et la philosophie, "la philosophie pour les questions qu'elle posait concernant les aspect de notre société que nous souhaitions optimiser, et les mathématiques parce qu'elles permettaient de déterminer comment les optimiser".
Ce parfait dosage entre abstraction et action l'a mené loin, jusqu'à l'université d'Oxford. Une fois diplômé, il a rejoint le FHI (Future of Humanity Institute), un centre de recherche qui se consacre aux grandes questions concernant la civilisation humaine. C'est alors qu'il a pris conscience de l'ampleur catastrophique de la crise climatique et su qu'il devait agir. "J'ai voulu apporter des informations exploitables pour accompagner les décisionnaires dans leurs actions."
Au vu de la clarté des objectifs climatiques que se fixait la planète à l'époque, il s'est dit : "il doit bien exister un moyen pour les entreprises de rendre compte de leurs émissions de carbone de la même manière qu'elles rendent compte de leurs chiffres financiers. Mais ça n'était pas le cas. Je me suis donc penché sur le sujet, même si je n'avais pratiquement aucune expérience en gestion d'entreprise, développement logiciel ou quelconque domaine apparenté".
Établir la nouvelle norme
Normative est le premier moteur de comptabilisation de l'empreinte carbone au monde. Il représente la prochaine génération de comptabilité carbone et redéfinit "l'intérêt des parties prenantes" comme le bien-être et la longévité de la civilisation plutôt que le seul profit. Il trouve son origine dans les idées lumineuses de Kristian Rönn concernant la réponse au changement climatique et les mécanismes de comptabilisation. "Au bout du compte, la comptabilisation est une chimère. Nous tenons pour acquis que les entreprises cherchent avant tout à maximiser leurs profits. Le concept même de profit repose sur une arithmétique arbitraire et peut être redéfini.”
L'entreprise s'est donc attelée à cette redéfinition. "Chez Normative, nous aidons les entreprises à comptabiliser l'intégralité de leur empreinte carbone. Nous leur offrons des informations exploitables pour atteindre le zéro émission nette.” Nous pouvons affirmer que la machine est en marche. Grâce au Business Carbon Calculator, Normative a aidé plus de 2 600 petites et moyennes entreprises à calculer leurs émissions et a mesuré plus de 7,2 millions de tonnes de CO2e dans près de 80 pays. Dans de nombreux cas, il aura fallu automatiser l'analyse de millions de factures pour dresser un tableau juste des émissions de l'entreprise. Ces données permettent aux entreprises d'identifier les catégories et les fournisseurs dont l'impact sur le climat et le plus élevé, afin qu'elles puissent définir les activités prioritaires pour corriger le problème.
"Nous tenons pour acquis que les entreprises cherchent avant tout à maximiser leurs profits, mais le concept même de profit peut être redéfini.”
La rigueur de comptabilisation de l'empreinte carbone est essentielle à leur travail, car ils ont découvert que les entreprises ne consignaient pas précisément leurs émissions. "Cet écart de justesse se situe entre 40 et 80 %. Autrement dit, les objectifs zéro émission nette de nombreuses entreprises sont fondés sur à peine un dixième de leur empreinte carbone globale."
La perspective est alarmante : "J'ai bien peur que d'ici 20 ans nous ne voyions des entreprises revendiquer qu'elles ont atteint le zéro émission nette ou la neutralité carbone, alors même que les émissions mondiales continuent d'augmenter”.
Sur la voie du zéro émission nette
La justesse et la normalisation sont les prochains défis majeurs de la transition vers le zéro émission nette. Alors que les Nations Unies et les pays membres s'engagent à adopter de nouveaux règlements, Kristian Rönn explique que les gouvernements doivent également définir des normes de justesse.
"De nombreux règlements portant sur la divulgation des émissions carbone voient actuellement le jour." Et d'ajouter, "pour que ces données soient exploitables, nous devons instaurer une comptabilisation normalisée de l'empreinte carbone. La divulgation normalisée ne suffit plus. Cette situation revient à utiliser un compte de résultat normalisé sans avoir inventé la comptabilité en partie double permettant d'obtenir des résultats comparables."
Kristian Rönn se plaît à affirmer : “l'une des offres uniques de Normative repose sur notre justesse inégalée. Si les gouvernements instaurent une norme en la matière, alors tout le monde sera aussi précis. Pour autant, je préférerais que ce soit le cas".
Photographies de Yamandu Roos
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À propos de Leaders à suivre
par Google.org
Google.org a créé l'initiative Leaders à suivre pour mettre en lumière les dirigeants d'entreprises à but non lucratif et à vocation sociale que nous soutenons. Nous sommes fiers d'aider ces leaders en leur offrant un soutien financier, un accompagnement et un accès à nos meilleurs outils et ressources. Défendant des causes diverses, et issus de différents secteurs et régions, nos Leaders à suivre incarnent à eux tous l'ensemble de nos principes directeurs.
Donner aux communautés le pouvoir d'agir
Afin de mener à bien leur mission, ces leaders jouent un rôle actif dans les communautés qu'ils œuvrent à aider
Faire preuve d'audace
Avec leur vision audacieuse, ces leaders cherchent à relever des défis, à utiliser les nouvelles technologies pour servir le progrès, et à exploiter les données et les technologies pour accroître l'impact de leur travail.
Tirer leur secteur vers le haut
Ces leaders sont soucieux d'accélérer le changement en partageant ce qu'ils ont appris ou en mettant leurs outils à disposition en Open Source.